Mon histoire
Par Sandrine Navarrete Masson, naturopathe & directrice du C.E.N.A.
Cette école dont j’ai accompagné la croissance pendant 25 ans est pour partie le reflet de mes valeurs. L’envisager ou la choisir implique dès lors de connaitre mon parcours. Pour la première fois, je partage donc ici avec vous un pan de mon histoire personnelle.
En 1981, j’ai 15 ans et découvre l’univers des médecines naturelles.
Adolescente, je ne ménage pas mes efforts pour atteindre mes objectifs scolaires et artistiques : je suis passionnée de danse.
Mais le surmenage et les restrictions alimentaires que je m’impose à l’époque pour maintenir un corps svelte, m’entrainent vers une dépression nerveuse, des crises d’angoisse, une insomnie chronique, des angines à répétition… Entre autres choses.
Cela impactait mes études, le sport et ma vie au quotidien.
Les solutions alors proposées par la médecine officielle se résumaient à des anxiolytiques, des antibiotiques et un peu de repos. Voyant ma santé continuer à décliner, je m’interroge. Il devait bien y avoir une cause… et des remèdes !?
Sur les conseils d’une amie de la famille, je consulte un acupuncteur. A l’époque, les médecines alternatives m’étaient complètement inconnues. Cependant, dès les premières séances, mes crises d’angoisses s’atténuent… Continuant à chercher les causes de mon mal être, je découvre que l’on peut se soigner autrement.
Alimentation et santé
Alors isolée, je me tourne vers les livres ; et passe l’essentiel de mon temps libre dans la bibliothèque municipale de Perpignan. En explorant avec enthousiasme les rayons consacrés à la nutrition, la phytothérapie, l’éducation, la psychologie ou la philosophie, je comprends assez vite le lien entre l’alimentation et la santé ; et aussi comment nos pensées et notre esprit peuvent influer sur notre corps et sur notre vie.
Un autre univers s’ouvre alors à moi.
Ces lectures générèrent des prises de conscience personnelles, notamment sur le conditionnement imposé par le système scolaire. Je voulais apprendre certes. Mais ce qui me serait utile et ferait de moi une adulte libre et responsable.
Découverte de la naturopathie
En quelques mois, nait une passion qui deviendra vocation. A 17 ans, en classe de terminale, je décide de devenir naturopathe, profession très peu connue et développée en France.
J’entame donc après le bac mes études de naturopathie au sein de l’École de Pierre Valentin Marchesseau. Je poursuis avec l’Institut de psychosomatique naturelle dirigé par André Passebecq.
Élève appliquée, je mets en pratique l’enseignement reçu dans l’espoir de retrouver une meilleure santé. Devenue végétarienne puis végétalienne – méthodes alimentaires alors prônées – ma santé ne s’améliore pas. Je commence à souffrir d’importantes carences entraînant une fatigue chronique et un amaigrissement considérable (34 kgs pour 1m58…).
Les travaux de Robert Masson
Je persévère toutefois dans ces études et à l’été 1985, découvre « par hasard » dans un rayon de librairie deux ouvrages dont les titres m’interpellent : « Folies et sagesses des médecines naturelles » et « Plus jamais d’enfants malades ». Je les feuillète et une lueur d’espoir nait en moi.
Robert Masson, l’auteur de ces livres que je ne connaissais pas, y explique très clairement les causes de nombreuses maladies et je comprends enfin pourquoi ma santé ne pouvait s’améliorer.
Je dévore alors tous ses ouvrages qui deviennent mes livres de chevets ; tout en ajustant les conseils prodigués. Et je retrouve progressivement mon énergie, ma santé et mon poids de forme…
Une vocation, des actions
L’idée et le souhait de le rencontrer s’imposent alors à moi. J’apprends qu’il enseigne la naturopathie dans une école parisienne. Malgré l’éloignement géographique et mes faibles ressources financières, je surmonte les obstacles un à un et trouve le moyen de m’y rendre. Comme si l’univers m’accompagnait dans mon projet…
En 1986, je m’installe dans la capitale et suis les cours de Robert Masson en parallèle de ceux d’André Passebecq. Après ces études, je me sens prête pour le monde du travail.
A 21 ans, je deviens conseillère en boutiques de diététique puis rejoins l’herboristerie du Palais Royal.
Mais la vie parisienne et son stress ne me conviennent pas. Je quitte la capitale, 3 ans après l’avoir rejointe, pour réfléchir à mon avenir professionnel.
Désireuse d’un environnement plus proche de la nature et de la spiritualité, je rejoins une communauté dans l’univers des plantes médicinales. Retour à la simplicité et à l’essentiel. Bien qu’éprouvantes par moment, ces années furent très enrichissantes.
A 30 ans, après 7 ans passées loin de la course contre la montre, je rejoins Robert Masson à Paris, pour une nouvelle vie…
Une passion commune
De notre histoire, naitra notre fils Robin, un moteur central de ma vie.
De notre passion commune pour l’amélioration de la santé émergera le CENA en 1996. Robert Masson avait déjà une longue carrière derrière lui.
Pendant plus de 20 ans, lui et moi avons progressivement nourri cet édifice commun.
Il disposait d’énormément de connaissances, de passion, d’énergie. Avec un grand talent d’orateur et de pédagogue.
De mon côté, je structurais et apportais un cadre à son enseignement.
Pendant une vingtaine d’années à ses côtés, je me suis imprégnée de son savoir. J’ai assimilé et partagé ses réflexions, ses observations.
J’ai voulu rendre accessible cet enseignement à un public de plus en plus large, investi et curieux de prendre en main sa santé.
Nos apprentissages s’ancraient dans un quotidien où le travail et les recherches prenaient une très grande place !
Voyageuse dans l’âme, j’ai développé pendant 16 ans notre école à Paris, puis Toulouse et enfin à Sarlat en Dordogne de 2011 à 2016. Et c’est en 2017, que je reviens près de Perpignan où cet aventure a commencé, pour y poursuivre l’enseignement de la naturopathie à travers le C.E.N.A.
En juillet 2019, à l’aube de ses 88 ans, Robert Masson nous a quittés après avoir partagé durant toute sa vie son savoir : une œuvre au service de la santé et de l’humain.
La continuité dans l’après
Garante de l’héritage transmis par cette figure de la naturopathie en France, je poursuis son œuvre, l’enrichissant de mes propres expériences, études et observations.
Je dirige aujourd’hui le CENA avec ce qui me caractérise : l’amour d’autrui, le sens de la nuance et une vision globale de la santé et du bien-être.
Les écoles de naturopathie font actuellement florès. Qu’est-ce qui distingue le CENA des autres établissements ?
Quand j’ai commencé à me former il y a près de 40 ans, il n’existait que 4 ou 5 écoles de naturopathie. Aujourd’hui, elles sont plusieurs dizaines. C’est une bonne chose car cela développe la place de la naturopathie en France mais les établissements sont hélas de qualité inégale. Le premier point fort du CENA, c’est donc l’antériorité et l’expérience ; à la fois dans les recherches, les travaux, la mise en pratique, l’observation du quotidien et l’enseignement de la naturopathie. Robert Masson a étudié le sujet pendant plus de 70 ans et moi-même, je me forme en permanence depuis 40 ans. Deuxième trait distinctif : nous voulons rester financièrement accessibles. Dernier marqueur de notre identité : notre pédagogie issue du réel. Le CENA transmet ce qui est essentiel et validé par la pratique et l’expérimentation, avec le même cap depuis 27 ans : aider à améliorer la santé. En gardant ce qui nous a toujours guidé : la passion et l’honnêteté.
Quelles sont vos valeurs justement ?
L’intégrité, l’éthique et la transparence à tous les niveaux ; l’écoute et l’empathie également. Les élèves formés au CENA évoquent aussi, à travers leurs témoignages, la bienveillance, la cohérence et l’efficacité de mes accompagnements, en constantes interactions. Car fondamentalement j’aime transmettre et m’adapter à chaque élève ; avec beaucoup de nuances car chacun a des profils, attentes et besoins singuliers. Nourrie de décennies de recherches théoriques et d’expériences de terrain, je continue sans cesse à m’informer et m’enrichir. Comme Robert le faisait, je cherche toujours à savoir, comprendre, trouver des solutions…même en vacances ! Aider les autres est plus fort que moi.
Quelle est votre vision de la naturopathie ?
Son enseignement se développe. Beaucoup de naturopathe s’installent et le grand public s’y intéresse de plus en plus. Les choses évoluent beaucoup en ce moment. La prise de conscience des bienfaits de la naturopathie grandit. Le processus peut être long mais une chose est certaine : le CENA fera toujours de son mieux pour transmettre avec sagesse et humilité la somme de ses connaissances ; avec une rigueur et une exigence intactes. Au-delà de la seule théorie, nous partageons l’observation du vivant.