Perturbateurs endocriniens : risques, sources et prévention

30 juillet 2024
Articles

Les perturbateurs endocriniens, la contamination plastique et les métaux lourds

Pourquoi éviter les perturbateurs endocriniens ?

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui peuvent bouleverser le fonctionnement de notre système hormonal. Ils sont omniprésents dans notre quotidien, créant une véritable bombe sanitaire que les autorités peinent encore à désamorcer. Ces substances sont particulièrement préoccupantes en raison de leurs effets nocifs sur la santé humaine.

Comment fonctionnent-ils ?

Les PE agissent sur les récepteurs hormonaux de plusieurs manières, perturbant ainsi le fonctionnement normal du système endocrinien.

1. En mimant nos hormones

Les PE peuvent imiter les hormones naturelles du corps, se liant aux récepteurs hormonaux et activant des réponses similaires.

Par exemple, le Bisphénol A (BPA) peut imiter les œstrogènes en se liant aux récepteurs des œstrogènes, activant ainsi des réponses physiologiques similaires. Ce processus peut déclencher des signes de puberté précoce, tels que le développement des seins chez les filles et la croissance des poils pubiens. Les enfants atteints de puberté précoce peuvent initialement grandir plus rapidement que leurs pairs, mais leur croissance s’arrête plus tôt, ce qui peut entraîner une taille adulte plus petite. La puberté précoce est associée à un risque accru de développer certains problèmes de santé à l’âge adulte, tels que des troubles métaboliques et un risque accru de cancer du sein. Ces perturbateurs endocriniens peuvent traverser la barrière placentaire et perturber le développement du fœtus, entraînant des anomalies de développement et des troubles neurocomportementaux.

Le BPA peut également affecter directement les cellules bêta du pancréas, responsables de la production et de la sécrétion d’insuline, entraînant une sécrétion excessive d’insuline (hyperinsulinémie).

Le BPA affecte les niveaux de neurotransmetteurs tels que le glutamate, la dopamine et la sérotonine, essentiels pour la transmission des signaux entre les neurones. Ces modifications peuvent entraîner des troubles de l’humeur, de l’apprentissage et de la mémoire.

L’exposition aux PE pendant la petite enfance peut entraîner des déficits cognitifs et des problèmes de comportement.

2. Les remplaçants du BPA : pas dans risque

Quand le BPA a été interdit dans la plupart des contenants alimentaires, il a été remplacé par d’autres bisphénols comme le BPS et le BPF. Cependant, ces substituts ne sont pas sans risques.

Le Bisphénol S (BPS) et le Bisphénol F (BPF) peuvent également agir comme perturbateurs endocriniens, affectant le développement, la reproduction et le métabolisme de manière similaire au BPA.

3. Certains PE agissent comme des antagonistes hormonaux, bloquant les récepteurs hormonaux et empêchant ainsi les hormones naturelles de se lier et d’exercer leurs effets. Par exemple, les phtalates peuvent interférer avec les récepteurs androgènes, inhibant les effets des hormones mâles comme la testostérone. Les phtalates peuvent se lier aux récepteurs androgènes sans activer la voie de signalisation associée. En se liant aux récepteurs, les phtalates empêchent les androgènes naturels de se lier et d’activer ces récepteurs.

Lorsqu’un phtalate se lie à un récepteur androgène, il bloque la capacité de la testostérone ou d’autres androgènes naturels à se lier au même récepteur. En l’absence d’activation des récepteurs, les voies de signalisation ne sont pas déclenchées, et les gènes régulés par les androgènes ne sont pas exprimés correctement. Les phtalates peuvent entraîner une diminution de la production de testostérone par les testicules, réduisant ainsi les niveaux circulants de cette hormone essentielle. Chez les hommes adultes, la diminution des niveaux de testostérone peut affecter la libido, la masse musculaire, la densité osseuse et la fertilité. L’exposition aux phtalates est associée à une diminution de la qualité du sperme, y compris une baisse de la concentration et de la motilité des spermatozoïdes.

4. Augmentation de la pression artérielle : Les phtalates peuvent aussi altérer la fonction des cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins, réduisant la production d’oxyde nitrique et entraînant une vasoconstriction. Ils imitent ou interfèrent avec les hormones naturelles comme le cortisol et l’aldostérone, perturbant les niveaux hormonaux et provoquant une rétention de sodium et d’eau, ce qui augmente le volume sanguin et la pression artérielle.

Contamination plastique

Les PE comme le BPA et les phtalates, couramment utilisés dans les plastiques, peuvent migrer vers les aliments ou les boissons. Les bouteilles d’eau en plastique sont l’une des sources les plus importantes de contamination aux microplastiques. Selon Mathilde Body-Malapel, chercheuse à l’INSERM, même en quantités minimes, les bisphénols et les phtalates ont des effets toxiques reconnus sur la fertilité, le système nerveux et le système immunitaire.

Comment réduire son exposition aux bisphénols ?

  • Limiter l’utilisation de plastiques en utilisant des contenants en verre, acier inoxydable ou céramique pour le stockage des aliments et des boissons.
  • Éviter les produits en papier thermique, demander des reçus électroniques ou éviter de toucher les reçus de caisse autant que possible.
  • Choisir des produits sans bisphénols en recherchant des produits explicitement marqués comme sans BPA, BPS et BPF.
  • Utiliser des alternatives naturelles en préférant les produits de soin et cosmétiques conditionnés dans des emballages sans plastique.

Les pesticides : autres perturbateurs endocriniens

Les pesticides peuvent altérer la synthèse ou la dégradation des hormones, modifiant ainsi les niveaux hormonaux dans le corps. Voici quelques exemples de pesticides utilisés en agriculture et leurs effets :

 

  • Chlorpyrifos
    • Usage : Insecticide
    • Domaine : Utilisé sur une variété de cultures telles que le maïs, les pommes, les oranges, et d’autres fruits et légumes. Également utilisé dans les bâtiments et les pelouses pour le contrôle des insectes.
    • Effet : Perturbe les récepteurs des œstrogènes et des androgènes. Associé à des effets neurotoxiques et au développement du système nerveux.
  • Mancozèbe
    • Usage : Fongicide
    • Domaine : Utilisé dans l’agriculture pour protéger les cultures de pommes de terre, de tomates, de bananes, et autres contre les maladies fongiques.
    • Effet : Interfère avec la fonction thyroïdienne en perturbant la production d’hormones thyroïdiennes. Associé à des effets sur la croissance et le développement.
  • Endosulfan
    • Usage : Insecticide
    • Domaine : Utilisé dans l’agriculture pour lutter contre les insectes nuisibles dans les cultures de coton, de thé, de fruits, et de légumes.
    • Effet : Imite les œstrogènes et bloque les récepteurs androgènes. Associé à des anomalies de développement sexuel et des effets toxiques sur la reproduction.

Sources de contamination

Les pesticides et herbicides utilisés en agriculture peuvent contaminer les aliments et l’environnement. Plusieurs pesticides sont liés à des cancers chez les adultes et les enfants, notamment le cancer du sein et le lymphome non hodgkinien. Les pesticides sont associés à des troubles neurologiques tels que la maladie de Parkinson, Alzheimer et des troubles du développement chez les enfants comme l’autisme et le TDAH. Certains pesticides agissent comme des perturbateurs endocriniens, interférant avec les hormones et entraînant des problèmes de fertilité, des anomalies génitales, l’obésité, le diabète, et des tumeurs thyroïdiennes. L’exposition aux pesticides est également liée à l’asthme, aux maladies cardiaques et à d’autres troubles respiratoires.

Les métaux lourds

Les métaux lourds, tels que le mercure, l’arsenic, le cadmium et le plomb, peuvent également contaminer notre alimentation et poser de graves risques pour la santé. Le mercure se retrouve principalement dans les poissons prédateurs comme le thon, l’espadon, et le maquereau.

L’arsenic est présent dans les fruits de mer, notamment sous forme organique, et est particulièrement présent dans le riz cultivé dans des sols et des eaux contenant de l’arsenic.

Le cadmium peut être absorbé par les légumes-feuilles comme les épinards et la laitue à partir de sols contaminés.

Le plomb contamine souvent les légumes-racines comme les carottes et les pommes de terre.

Le cadmium et le plomb peuvent être présents dans la viande et les produits laitiers en raison de la contamination des sols et de l’eau consommés par les animaux. Le plomb peut contaminer l’eau potable par le biais des vieilles canalisations en plomb.

Solutions pour réduire l'exposition aux métaux lourds

  • Limiter la consommation de thon : Le thon est particulièrement riche en mercure. Il est recommandé de ne pas en consommer plus d’une fois par mois.
  • Cures d’algues : Certaines algues, comme la chlorelle, sont connues pour aider à éliminer les métaux lourds du corps. La chlorelle, riche en chlorophylle, peut se lier aux toxines et aux métaux lourds, facilitant leur transport hors du corps. Elle soutient la fonction hépatique, aidant le foie à métaboliser et à excréter les métaux lourds. Pendant une cure de chlorelle, des symptômes temporaires de détoxification peuvent apparaître, tels que maux de tête, fatigue, nausées et troubles digestifs, mais les bénéfices à long terme incluent une meilleure énergie et une santé générale accrue. Il est crucial de choisir un produit de haute qualité, cultivé et traité dans des conditions contrôlées, et de consulter un professionnel de la santé avant de commencer une cure de chlorelle.
  • Sélénium : Le sélénium peut protéger contre les effets toxiques du mercure et se trouve en abondance dans la noix du Brésil. Une seule noix du brésil (5 g) apporte 95 mcg de sélénium, soit 173% des besoins journaliers. Le thon et la sardine apportent également des quantités significatives de sélénium, avec 92 mcg pour 100 g de thon et 52 mcg pour 100 g de sardines.
  • Silicium et zinc : Le silicium peut aider à éliminer l’aluminium et le zinc peut aider à protéger contre les effets du mercure. Bien qu’il n’y ait pas de recommandations officielles pour l’apport quotidien en silicium, des études suggèrent qu’un apport quotidien d’environ 20-50 mg pourrait être bénéfique pour la santé des os, de la peau, des cheveux et des ongles. L’ortie (Urtica dioica) est une plante riche en silicium, contenant environ 5 à 10 mg de silicium par 100 g de feuilles fraîches. La prêle (Equisetum arvense) est également une source concentrée de silicium, contenant environ 5 à 8% de silicium dans sa matière sèche.

Perturbateurs endocriniens dans les meubles

Les meubles neufs peuvent émettre des composés organiques volatils (COV) qui incluent souvent des phtalates et d’autres PE. Ces substances peuvent être libérées dans l’air intérieur et être inhalées, ce qui contribue à l’exposition aux PE. Les phtalates sont souvent utilisés dans les matériaux plastiques pour les assouplir. Ils peuvent être présents dans les revêtements en vinyle, les colles, les peintures et autres matériaux utilisés dans la fabrication des meubles. Avec le temps, ces phtalates peuvent se libérer et contaminer l’environnement intérieur. De nombreux meubles neufs, en particulier ceux rembourrés, contiennent des retardateurs de flamme qui sont également des perturbateurs endocriniens. Ces produits chimiques peuvent migrer des meubles vers la poussière domestique et l’air intérieur.

Conclusion

Pour se protéger de ces toxiques, voici quelques conseils pratiques :

  • Acheter des meubles d’occasion : Les meubles d’occasion ont souvent déjà libéré la majorité de leurs COV et autres substances chimiques, réduisant ainsi le risque d’exposition.
  • Choisir des meubles écologiques : Recherchez des meubles certifiés écologiques ou fabriqués à partir de matériaux naturels et non toxiques. Des certifications comme GREENGUARD ou Oeko-Tex peuvent aider à identifier des produits plus sûrs.
  • Aérer les meubles neufs : Si l’achat de meubles neufs est inévitable, assurez-vous de bien les aérer avant de les introduire dans votre maison. Laissez-les à l’extérieur ou dans un espace bien ventilé pendant quelques jours.
  • Choisir des produits bio non emballés dans du plastique : Réduit l’exposition aux pesticides et autres produits chimiques agricoles.
  • Éviter l’eau en bouteille plastique : Utiliser un osmoseur, une bouteille en verre ou un autre système de filtration.
  • Ne jamais chauffer des aliments dans des contenants en plastique : Remplacer la bouilloire en plastique par une bouilloire en inox ou chauffer l’eau dans une casserole en inox.

Les femmes enceintes et allaitantes, les enfants en bas âge, les personnes ayant un système immunitaire déficient et les périodes de variations hormonales sont particulièrement sensibles. Il est donc indispensable d’éviter tous ces polluants. En adoptant ces mesures, vous pouvez réduire significativement votre exposition aux perturbateurs endocriniens et aux métaux lourds.

Cet article vous a plus ?

Ne manquez aucune de nos dernières nouvelles, recettes et conseils en nutrition, naturopathie et aromathérapie en vous abonnant à notre newsletter. C’est le meilleur moyen de recevoir directement dans votre boîte de réception des mises à jour exclusives et des contenus enrichissants de la part du C.E.N.A.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *